Texte de Christiane Laforge
lu à la présentation de Bruno Chabot
au Gala de l'Ordre du Bleuet, le 14 juin 2019
Depuis 40 ans, les routes du Saguenay–Lac-Saint-Jean sont les lignes d’une portée musicale que parcourt Bruno Chabot. À coups d’archet sur son violon, ce musicien porte la musique de villes en villages, de génération en génération, initiant enfants et adultes comme enseignant, comme membre de l’Orchestre symphonique et de plusieurs ensembles musicaux.
Né à Chicoutimi, le 20 décembre 1955, il ne peut échapper à l’ambiance familiale toute en musique. Sa grand-mère maternelle, Irène Raymond, directrice de la chorale Ste-Cécile de l’église Sainte-Anne pendant 50 ans, compositrice d’une centaine de chansons, trace la voie de sa fille Raymonde. Celle-ci chante et dirige des chorales, au-delà de ses 92 ans. Son père, Maurice Chabot, professeur de chimie, est trompettiste dans la fanfare de Chicoutimi et choriste du Chœur de la cathédrale. Christine, son aînée de 4 ans, ne se contente pas de lui faire boire du thé imaginaire dans les tasses de son jeu de couverts. Chanteuse, guitariste et pianiste, il lui doit ses premiers pas, ses premiers mots et ses premières notes. Dans la famille Chabot, la musique s’empare de tous ses membres. Ses sœurs, Dominique, Myriam et Lucie n’y échappent pas, ses neveux non plus, tel Gaël Chabot-Leclerc, percussionniste, cofondateur du groupe Gardia Nueva et du Festival Tang-aux-foins de Saint-Fulgence.
Inévitablement, Bruno passe par l’École de musique et solfège de Chicoutimi, le conservatoire, l’université du Québec à Trois-Rivières, les universités de Laval et Sherbrooke, le Mont-Orford sous la direction de Robert Verebez et l’Institut Vivaldi. Il étudie la direction d’orchestre au Centre musical Pantonal avec Michel Perreault et le violon avec Jean-François Rivest. La chance de sa vie, confie-t-il, n’est pas d’aimer la musique. Sa chance est d’avoir des parents cultivés, grands mélomanes, une sœur pour lui ouvrir la voie et des pionniers à l’origine de nos écoles de musique, tels Gabrielle et Yvon Gaudreault. En 2014, le musicien s’est retrouvé en première ligne pour dénoncer et empêcher la fermeture du Conservatoire de musique de Saguenay.
« Ceux qui ont ouvert les conservatoires en région étaient des visionnaires. C'était pour encourager les talents et favoriser leur développement. Arrêter ça, ce serait un retour à l'âge des ténèbres. »
Afin d’alerter le public et, plus sûrement, le ministre de l’époque Yves Bolduc, il crée Duodenum avec Luc Beauchemin. Un duo de violoniste et altiste, vêtus de nœud papillon et queue de pie, jouant dans un restaurant mieux connu pour sa poutine que pour la musique traditionnelle écossaise. Via divers événements spontanés et des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, Duodénum se veut critique du peu de soutien financier accordé aux arts et à la culture, principalement en région.
Depuis le début de sa carrière, Bruno Chabot manifeste un dévouement sans borne pour transmettre le savoir musical sous tous ses aspects. Les ateliers de musique de Jonquière, de Roberval et de Normandin, le Collège d’Alma et plusieurs camps musicaux, ont fait appel à lui pour enseigner à plus de 1000 personnes le violon et l’alto, les matières théoriques, l’analyse musicale, la littérature musicale. Membre de l’Orchestre symphonique depuis sa création, sa formation lui permet de s’investir dans tous les aspects de la vie musicale de la région : enseigner, composer, arranger, orchestrer, diriger, jouer, accompagner.
Violoniste accompagnateur pour le Can-Can des Farandoles jusqu’en Yougoslavie, il participe aux Jeux de la francophonie de Paris, accompagne la troupe Élite de Beauport en Pologne. Fidèle membre de l’Orchestre des opérettes du Carnaval-Souvenir et, par la suite, de la Société d’art lyrique du Royaume, il va devenir, en 2004, le violoniste de la comédie musicale Un violon sur le toit. Il contribue à la création de plusieurs formations : le Quatuor Bleu et demi, le Cemban, groupe de musique actuelle et d’expérimentation, le Quatuor Gardel pour la défense du patrimoine religieux, Les troubadours du Nord, l’Ensemble Talisman, les Chambristes contemporains. Il accompagne la chanteuse Jocelyne Tremblay sur deux 45 tours et participe, comme violoniste, chanteur et arrangeur, à la production de deux albums dans le style country bluegrass, pour le groupe Tze Texas Redmec.
Directeur musical de la pièce Les Feluettes pour le Théâtre La Rubrique, il signe les arrangements et la composition de plus de 50 pièces, compose Ce qui fit le mime pour les 50 ans du Mic Mac et la musique du film Bouette de Pierre Demers. Par deux fois, la qualité de ses compositions est soulignée lors du Festival de musique du Royaume. En 2017, il succède à Robert Pelletier à la direction de l’Ensemble Transition.
Retraité de l’enseignement depuis 2018, Bruno Chabot ne dépose pas son archet. Membre du groupe Les porteurs de musique créé par Guylaine Grégoire, il continue de porter la musique dans les hôpitaux, les centres d’hébergement, les prisons et autres lieux qui, sinon, en seraient privés.
Façonné autant que fasciné par la musique, Bruno Chabot est de la race des bâtisseurs. Toute son existence est dédiée à transmettre et à aimer la musique dans sa région, du Saguenay au Lac-Saint-Jean.
« Je sens la région dans mon sang ou mon sang est de la région. Avoir enseigné à Chicoutimi, Arvida, Kénogami, Jonquière, Alma, Roberval, Normandin, Métabetchouan, avoir joué partout dans la région me fait me sentir chez nous partout dans ma région. »
Le 14 juin 2019
Bruno Chabot
Altiste, compositeur, professeur, fondateurs de plusieurs ensembles
pour son contribution exceptionnelle à faire rayonner la musique
fut reçu
Membre de l’Ordre du Bleuet